Dans les profondeurs de la province du Kwilu, où les pistes se transforment en pièges boueux pendant la saison des pluies, le chantier de l’école de Kikongo devient un symbole d’espoir. Comme des milliers d’autres à travers le pays, cette construction incarne la promesse du Programme de développement local des 145 territoires (PDL 145 territoires), ce projet phare piloté par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en République démocratique du Congo. Damien Mama, Représentant résident du PNUD, affirme avec une conviction martelée : « Nous restons confiants, les délais seront respectés ».
Cette assurance, lancée lors d’une interview exclusive à Radio Okapi, résonne comme un défi aux réalités congolaises. Comment croire en une ponctualité exemplaire quand on connaît l’enchevêtrement des défis ? Les routes impraticables, les poches d’insécurité persistantes dans l’Est, les caprices d’un climat de plus en plus imprévisible – autant d’obstacles qui pourraient faire vaciller les meilleures volontés. Pourtant, le PNUD campe sur ses positions. « Certains aléas peuvent occasionner des retards ponctuels », concède M. Mama, sans détour. Mais l’engagement reste total : chaque école, chaque centre de santé, chaque bureau administratif sera livré.
La mécanique de cette relance territoriale est déjà en marche. Plus de 200 infrastructures scolaires et sanitaires ont surgi de terre depuis le lancement, tandis que des tronçons routiers stratégiques commencent à désenclaver des régions oubliées. À Kenge, le nouveau marché couvert a dopé les échanges agricoles ; à Mbandaka, le centre de santé rebâti accueille désormais trois fois plus de patients. Ces réalisations tangibles transforment-elles vraiment le quotidien ? « Avant, mes enfants marchaient trois heures pour atteindre l’école la plus proche. Maintenant, elle est à trente minutes », témoigne Julienne, mère de famille dans le territoire de Bulungu. Une lueur d’espoir dans un pays où 70% de la population vit en milieu rural.
Derrière ces briques et ces routes, c’est tout un modèle de développement local RDC qui s’expérimente. Le PDL 145 territoires ne se contente pas de bâtir : il veut réinventer la gouvernance. En associant les chefs locaux aux comités de suivi, en formant des artisans congolais aux techniques de construction durable, le programme mise sur l’appropriation communautaire. Mais les défis de coordination persistent. Comment éviter que ces infrastructures PNUD Congo ne deviennent des coquilles vides sans personnel qualifié ni budget de maintenance ? La question reste en suspens.
L’optimisme affiché par le PNUD cache-t-il des zones d’ombre ? Si les retards sont « ponctuels » selon l’organisation, sur le terrain, certains responsables territoriaux évoquent des livraisons reportées jusqu’à quatre mois dans le Tanganyika, où les groupes armés perturbent les convois. Un paradoxe dans ce vaste chantier qui mobilise 1,2 milliard de dollars. La transparence sur ces difficultés reste cruciale pour maintenir la confiance des bailleurs et des populations.
Au-delà des délais, l’enjeu fondamental réside dans la pérennité. Ces programmes sociaux territoires pourront-ils survivre au départ du PNUD ? Damien Mama en est convaincu : « Ce programme pourrait devenir un modèle de développement participatif en Afrique centrale ». Reste à transformer l’essai. Car si les bâtiments sortent de terre, la vraie révolution sera d’y installer des services efficaces – une éducation de qualité, des soins accessibles, une administration intègre. Le chemin vers la relance territoriale est encore long, mais chaque kilomètre de route gagné contre l’isolement rapproche un peu plus les Congolais de l’essentiel : vivre dignement sur leur terre.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
