« Allumer une lampe sans craindre la panne d’essence, c’est un rêve devenu réalité », souffre Mama Sophie, commerçante à Kabimba, les yeux humides devant son comptoir désormais illuminé. Ce samedi 14 juin, une onde d’émotion a parcouru cette cité oubliée du Tanganyika lorsque les premières ampoules ont scintillé après 3 285 nuits d’obscurité. Comment une communauté survit-elle sans électricité pendant neuf ans ? Les élèves étudiaient à la lueur des torches fumantes, les centres de santé stockaient les vaccins dans des glacières précaires, et les petites entreprises pliaient sous le coût des groupes électrogènes.
La renaissance énergétique de Kabimba est l’œuvre de GLC, cette entreprise chinoise spécialisée dans la production de ciment, qui a transformé son obligation contractuelle en catalyseur de développement local. Le cahier des charges signé avec les chefs coutumiers prévoyait explicitement la restauration énergie Tanganyika comme contrepartie à l’exploitation des ressources minérales. Un modèle de partenariat qui intrigue : les multinationales peuvent-elles devenir les architectes des infrastructures publiques en RDC ?
Derrière les transformateurs neuves alignés comme des sentinelles d’acier, c’est toute l’économie locale qui se réveille. Des soudeurs réparent enfin les toitures sans compter sur le soleil, des cybercafés improvisés bourdonnent de jeunes découvrant Internet. « Cette Kabimba électricité change notre rapport au temps », explique un enseignant, montrant son téléphone chargé. « Avant, on planifiait tout avant 18h. Maintenant, la vie continue après la tombée de la nuit ».
Pourtant, l’ombre des défis persiste. Le réseau actuel alimente prioritairement le site de production de GLC et le centre-ville, laissant les périphéries en attente. Les habitants s’interrogent sur la pérennité de ce projet électrique Congo : que se passera-t-il si l’usine de ciment ferme ses portes ? La société civile presse les autorités provinciales d’institutionnaliser ces acquis fragiles.
Ce rétablissement symbolise pourtant un tournant dans le Kalemie développement. Alors que seulement 19% des Congolais ont accès à l’électricité, cette initiative démontre que les solutions émergent parfois là où on ne les attend pas. L’entreprise chinoise GLC RDC, souvent critiquée pour son empreinte écologique, écrit ici une page inédite de coopération pragmatique. Reste à transformer l’essai : ce courant qui traverse désormais Kabimba parviendra-t-il à électriser d’autres territoires abandonnés ? La réponse s’écrira au rythme des moteurs qui reprennent vie et des rires d’enfants découvrant la magie d’une lumière simplement… domestique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
