Dans un exercice de redevabilité institutionnelle, la plénière du Sénat a adopté ce vendredi 6 juin 2025, à l’unanimité, la synthèse nationale des rapports des vacances parlementaires couvrant la période du 16 décembre 2024 au 14 mars 2025. Cette démarche, scrupuleusement encadrée par l’article 240 du règlement intérieur, parachève un processus méticuleux où chaque sénateur a contribué à l’édifice provincial avant l’élaboration du document final. Un rituel démocratique qui, sous son apparente technicité, cache des enjeux cruciaux pour l’efficacité parlementaire congolaise.
L’architecture de cette synthèse nationale sénat RDC révèle un mécanisme en trois temps : dépôt individuel auprès des groupes provinciaux, adoption des synthèses régionales, puis création d’une commission spéciale par décision n°008/CAB/PDT/Sénat/SLK/DC/Rap adjoint/BK2025. Présidée par Jean-Claude Baende Etafe, cette instance a œuvré du 29 mai dernier avec le concours d’experts administratifs, respectant le délai impératif de sept jours ouvrables. Une célérité administrative qui contraste avec les défis chroniques de la machine législative congolaise.
Le cœur du rapport dévoile une mise en garde sans équivoque : « La mission ne devra nullement se limiter à l’élaboration laborieuse de ce document, au risque de vouer à la vanité tous les efforts consentis ». La commission adjure les sénateurs d’assurer un suivi contraignant des recommandations politiques publiques émises, rappelant leur statut d’« émanation des provinces ». Un appel qui résonne comme un aveu implicite : combien de rapports parlementaires RDC dorment-ils dans les tiroirs ministériels sans suite effective ?
Plus audacieux, le plaidoyer pour renforcer la Commission permanente de suivi et évaluation dévoile les failles structurelles de l’institution. Réclamant des « moyens humains, financiers et matériels à la hauteur », le texte souligne que « de l’efficacité de cette commission permanente dépend la performance du Sénat ». Une reconnaissance officielle des carences qui entravent le contrôle parlementaire, alors que les vacances parlementaires Congo devraient théoriquement irriguer l’action gouvernementale.
La transmission prochaine de la synthèse au gouvernement ouvre maintenant l’ère des vérités. Les recommandations touchent à tous les secteurs vitaux – santé, éducation, infrastructures – reflétant les doléances recueillies pendant trois mois dans les territoires. Mais l’histoire récente des rapports parlementaires RDC invite à la prudence : sans mécanisme contraignant, cette volumineuse documentation risque de rejoindre le cimetière des bonnes intentions. La balle est désormais dans le camp de l’exécutif, mais qui contrôlera réellement la traduction des diagnostics en politiques tangibles ?
Au-delà du rituel procédural, cette adoption unanimiste masque mal les tensions sous-jacentes. Le Sénat parviendra-t-il à imposer son rôle de contre-pouvoir face à un exécutif souvent accusé d’indifférence législative ? L’avenir de la commission suivi évaluation servira de baromètre. Si les moyens réclamés restent lettre morte, cette synthèse nationale ne sera qu’un exercice de style. Mais si le Parlement congolais s’en empare comme levier, elle pourrait incarner un tournant dans le rapport entre centre et périphérie. L’enjeu dépasse les murs du Palais du Peuple : il touche à la crédibilité même de la représentation nationale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
