La récente analyse de Me Jean Claude Katende, publiée depuis Kinshasa, jette une lumière crue sur les cinq erreurs stratégiques imputées à l’ancien président Joseph Kabila. Cette déconstruction politique, qualifiée par son auteur d’« alerte » pour la nation, soulève des questions fondamentales sur l’état de notre démocratie et la pérennité de nos institutions.
Katende, se présentant comme « le gardien du temple » affranchi des allégeances partisanes, établit un réquisitoire implacable. La première erreur de Joseph Kabila résiderait dans sa participation supposée à la manipulation des élections de 2018. « Si l’hypothèse selon laquelle Félix Tshisekedi ne serait pas le réel vainqueur est avérée, comment cette forfaiture a-t-elle pu s’opérer sans l’aval de Kabila lui-même ? » interroge l’avocat, pointant du doigt une manœuvre qui aurait durablement fragilisé les fondements de notre jeune démocratie. Cette manipulation électorale, selon Katende, constituerait la source des maux politiques actuels du Congo.
Deuxième grief : une sous-estimation flagrante de la mémoire collective congolaise. L’ancien chef de l’État, dans ses récentes prises de parole, semblerait postuler que les citoyens ont occulté les épisodes sombres de sa gouvernance – massacres, violations des droits humains, scandales des Panama Papers, ou encore dilapidation des actifs miniers comme ceux de la Gécamines. « Croire que les Congolais ont oublié sa gestion chaotique à cause des défaillances de l’actuel pouvoir est une erreur gravissime », assène Katende, soulignant que pour beaucoup, Tshisekedi et Kabila partageraient une même responsabilité dans la gouvernance défaillante du pays.
La troisième erreur, géopolitiquement explosive, concerne les alliances contre-nature tissées par Kabila. Son rapprochement avec le M23/AFC, groupes rebelles instrumentalisés par le Rwanda selon Katende, et son silence face à l’agression rwandaise, constituent un revirement incompréhensible. « Comment justifier cette proximité avec les agresseurs de notre nation, alors qu’en exercice, Kabila dénonçait précisément ces mêmes ingérences ? » s’insurge l’analyste, voyant dans cette posture un reniement des intérêts supérieurs de la RDC.
Quatrième contradiction : la violation des lois que Kabila prétend défendre. Katende rappelle que la loi sur le statut des anciens présidents impose devoir de réserve, dignité et loyauté envers l’État. « Donner des leçons de constitutionnalisme qu’on ne respecte pas soi-même est une erreur qui trahit tout », assène-t-il, dénonçant un double discours qui sape la crédibilité institutionnelle.
Enfin, la dernière erreur relève d’une illusion politique : mener des consultations en zone occupée, comme à Goma, où la liberté d’expression est muselée par la présence du M23 et des troupes rwandaises. « Croire que ces consultations reflètent l’adhésion libre des Congolais relève de la supercherie », tonne Katende, soulignant l’impossibilité pour les populations sous occupation de critiquer l’envahisseur ou ses alliés.
Cette analyse cinglante, dépourvue de conclusion définitive selon son auteur, lance un avertissement sans équivoque à la classe politique congolaise : « Être trompé une fois est acceptable, mais pas la deuxième fois ». Alors que la RDC navigue des eaux troubles de sa transition démocratique, les erreurs stratégiques pointées par Katende interrogent la capacité des acteurs historiques à incarner une véritable alternative. La démocratie congolaise, déjà mise à mal par les manipulations électorales et les calculs politiciens, résistera-t-elle à ces nouvelles fragilités ? L’avenir immédiat nous apportera une réponse, sous le regard vigilant de citoyens désormais avertis.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
