La salle Léon Kazumba de l’Inspection Générale des Finances a servi de cadre à une prise de contact lourde de symboles. Christophe Bitasimwa, fraîchement nommé à la tête de l’IGF par ordonnance présidentielle, s’est adressé aux cadres administratifs entouré de son adjoint Emmanuel Tshibingu et du directeur Didérick Boloko. Cette intervention, survenant après sa réunion avec les inspecteurs, dessine les contours d’une gouvernance axée sur la rupture.
D’entrée, le successeur de Jules Alingete Key a rendu un « vibrant hommage » au président Tshisekedi, tout en posant un cadre exigeant : « L’administration n’admet aucun favoritisme, aucun groupuscule fondé sur des bases religieuses, partisanes ou tribales ». Par cette déclaration, le nouveau patron de l’IGF RDC frappe un coup de semonce contre les pratiques clientélistes qui minent l’administration publique congolaise.
Soyons dans l’unité, laquelle unité est encadrée par les textes légaux et règlementaires
Le cœur du discours a résidé dans l’injonction à « s’imprégner des textes légaux » régissant la fonction publique. Bitasimwa a érigé le statut des agents publics et le code de conduite en boussole intangible, martelant que « tout doit guider les agents dans l’accomplissement de leurs tâches ». Une position qui interroge : cette rigueur affichée suffira-t-elle à réformer une institution historiquement traversée par des luttes d’influence ?
L’argument de la noblesse institutionnelle a servi de levier à l’exigence d’exemplarité. « Tout agent à l’IGF doit développer des qualités supérieures […] c’est nous qui donnons des leçons », a asséné le chef de service, rappelant le statut particulier de cette structure rattachée à la présidence. Cette rhétorique place la barre à un niveau qui pourrait s’avérer périlleux, tant les attentes de résultats concrets en matière de lutte contre la corruption financière sont immenses.
Considérez les textes légaux comme votre bible
Emmanuel Tshibingu, l’adjoint succédant à Victor Batubenga, a appuyé sans réserve cette ligne en comparant les textes administratifs à une « bible ». Un soutien significatif qui consolide la position du tandem dirigeant face à une administration en quête de repères après le départ d’Alingete Key.
La proposition la plus tangible reste l’instauration d’une « boîte à suggestions » permettant aux agents d’émettre des contributions anonymes. « Nous avons besoin de votre engagement à faire mieux », a plaidé Bitasimwa, promettant de maintenir les acquis tout en visant leur dépassement. Cette ouverture participative, si elle rompt avec certains réflexes hiérarchiques, soulève cependant une question cruciale : sera-t-elle autre chose qu’un alibi face aux résistances bureaucratiques ?
Cette prise de fonction intervient dans un contexte où la nomination IGF par Tshisekedi est scrutée comme un test de sa volonté réformatrice. Les premiers mots de Bitasimwa esquissent une doctrine : l’administration publique RDC doit puiser sa légitimité dans le droit plutôt que dans les réseaux. Reste à observer si cette feuille de route survivra aux réalités du terrain congolais, où les textes peinent souvent à s’imposer face aux pratiques établies. Le nouveau patron de l’Inspection Générale des Finances joue son crédit politique sur sa capacité à transformer les principes en actes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
