Ce lundi 2 juin marque un tournant décisif pour des milliers de jeunes Congolais. Dans la province éducationnelle Sud-Kivu 1, 44 339 candidats ont franchi le seuil des salles d’examen pour l’épreuve tant redoutée de dissertation, première étape de l’Examen d’État. Un chiffre qui interpelle : pour la première fois dans la région, les filles représentent 50,2% des postulants, soit 22 290 candidates contre 22 039 garçons.
Jean Marie Mwayesi, inspecteur principal provincial, ne cache pas sa satisfaction : “L’indice de parité est légèrement en hausse du côté des filles. Cette progression, bien que modeste, illustre nos efforts pour l’équité dans l’accès à l’éducation”. La région couvrant Bukavu, Kalehe, Idjwi et Kabare affiche ainsi des résultats encourageants en matière de parité filles-garçons RDC, même si le chemin vers l’égalité parfaite reste long.
Ces Candidats Examen d’Etat RDC se répartissent dans 111 centres, dont 48 concentrés dans la ville de Bukavu. Mais derrière ces chiffres impressionnants se cache une réalité plus sombre. Comment garantir le bon déroulement des épreuves dans un contexte où la menace des groupes armés plane toujours ? Le gouverneur Emmanuel Birato, présent pour le lancement officiel, a tenté de rassurer élèves et encadreurs : “La sécurité est notre priorité absolue. Chaque centre bénéficie d’un dispositif renforcé”.
La situation sécuritaire demeure pourtant la grande inconnue de cette session. Dans les territoires sous influence de l’AFC/M23, l’angoisse des familles est palpable. Une mesure exceptionnelle a été annoncée par Kinshasa : la prise en charge intégrale des frais d’examen pour tous les élèves des zones occupées. Une décision saluée par les directeurs d’école qui craignaient une vague d’abandons.
L’Education Bukavu et sa périphérie font ainsi face à un double défi. D’un côté, maintenir la qualité académique de l’Examen d’Etat Sud-Kivu malgré les perturbations logistiques. De l’autre, assurer la protection physique des candidats dans des régions où les déplacements restent périlleux. Les enseignants sur le terrain confient leur inquiétude : “Nous surveillons les routes d’accès aux centres. Un élève qui rate une épreuve pour cause d’insécurité, c’est une année gâchée”.
Alors que les premières copies sont rendues, les organisateurs gardent un œil sur Kalehe et Kabare, zones historiquement sensibles. La réussite de cette session hors-norme pourrait marquer un tournant dans la gestion des examens nationaux en contexte de crise. Reste à savoir si les promesses de sécurité examens Congo se concrétiseront jusqu’à la dernière épreuve. L’enjeu dépasse largement le cadre scolaire : il s’agit d’offrir à cette génération du Sud-Kivu le droit fondamental à une évaluation équitable, quel que soit son lieu de résidence.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
