La coalition des groupes de victimes des conflits armés mène depuis mars 2024 une vaste campagne de sensibilisation sur la justice transitionnelle à Goma et dans ses environs. Cette initiative, qui s’étendra jusqu’en août 2025, vise à éclairer les communautés locales et les survivants de violences sur les mécanismes de réconciliation nationale.
Dieu-Vie Kubuya, membre influent du Parlement des jeunes du Nord-Kivu et figure centrale de ce plaidoyer, souligne l’importance cruciale de cette démarche. « Le déficit d’information constitue un frein majeur à l’adhésion populaire au processus de justice transitionnelle », affirme-t-il lors d’un entretien exclusif. Les séances de sensibilisation emploient des méthodes culturellement adaptées, incluant l’usage des langues locales, des médiations communautaires et des réparations symboliques.
Le projet cible spécifiquement 18 groupes vulnérables dans la région, avec un accompagnement personnalisé basé sur les quatre piliers fondamentaux de la justice transitionnelle : l’établissement de la vérité, l’accès à la justice, les réparations matérielles et morales, et les garanties de non-répétition des violences. Cette approche multidimensionnelle répond aux défis particuliers de l’Est de la République Démocratique du Congo, région marquée par des conflits territoriaux récurrents et une impunité persistante.
La stratégie de la coalition repose sur une implication active des survivants et des leaders communautaires, créant ainsi un réseau de relais essentiel pour transformer durablement les structures sociales de base. Cette méthodologie s’aligne parfaitement avec les stratégies nationales holistiques de pacification et de reconstruction post-conflit.
Dans une région où les blessures du passé restent vives, cette initiative représente un pas significatif vers la guérison collective. La justice transitionnelle, souvent perçue comme un concept abstrait par les populations locales, trouve ainsi une traduction concrète à travers ces actions de terrain. Comment reconstruire une société meurtrie sans l’adhésion de ses membres les plus vulnérables ? La réponse semble se dessiner progressivement à travers ce travail minutieux de sensibilisation et d’accompagnement.
Alors que le projet entre dans sa phase de déploiement intensif, les observateurs locaux soulignent l’importance de maintenir cet élan pour obtenir des résultats tangibles. La route vers la réconciliation nationale reste longue, mais chaque étape franchie rapproche un peu plus la RDC d’une paix durable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
