Dans un geste rare mais attendu, 86 détenus, dont une femme, ont été libérés vendredi 27 décembre de la prison centrale de Bunia, dans la province de l’Ituri. Cette action s’inscrit dans le cadre d’un arrêté du ministre de la Justice visant à désengorger les centres pénitentiaires du pays. Les conditions de détention en République démocratique du Congo, souvent décrites comme précaires, ont marqué ces prisonniers dont bon nombre avaient attendu des années sans être jugés.
Ces détenus étaient principalement emprisonnés pour des délits considérés comme bénins tels que le vol simple ou l’escroquerie, et certains parmi eux avaient déjà passé plus de trois ans sans que leur cas ne soit statué. Pour d’autres, les procédures restaient en cours. Parmi les libérés, Utembi Urom, un père de douze enfants accusé d’association de malfaiteurs, a retrouvé sa liberté après six longues années. S’il se réjouit de son retour à la vie civile malgré le fait que sa femme se soit remariée durant son incarcération, il exprime aussi un message d’espoir et de responsabilité, appelant à ne pas violer la loi.
Le colonel Camille Zonzi, directeur de la prison centrale de Bunia, a salué cette décision comme une mesure salvatrice pour une structure pénitentiaire largement surpeuplée. La prison abrite actuellement environ 2 200 détenus, un chiffre bien au-delà de sa capacité. Il a rappelé que cette opération s’inscrit dans la continuité de mesures entreprises par les autorités judiciaires, après qu’une vingtaine d’autres détenus aient été également libérés deux mois plus tôt.
Cette libération, bien qu’elle soulage la pression sur le système carcéral, invite à une réflexion plus profonde. Comment un système judiciaire peut-il tolérer une telle attente dans des conditions si difficiles ? La question interpelle et met en lumière les défis persistants liés aux droits fondamentaux et à la justice en RDC. Au-delà du geste, il s’agit d’un appel à une réelle réforme du système judiciaire pour garantir que les erreurs passées ne se reproduisent pas. Alors que le pays continue de naviguer à travers des enjeux complexes, cette mesure offre une lueur d’espoir dans un contexte judiciaire souvent critiqué. C’est un pas, certes modeste, mais significatif vers une société où les droits de chacun sont respectés.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
